Chaque année lors du Connective Day, la nouvelle promotion d’étudiants-ingénieurs ENSEA découvre l’identité de celui ou celle qui les accompagnera durant les 3 années à venir.

Cette année ne fait pas exception !

 

Centralienne de formation, aujourd’hui Vice-Présidente Stratégie et Développement durable au sein du leader de l’énergie, Schneider Electric France, nous avons le plaisir de vous présenter la Marraine de la promotion 2026 : Esther Finidori.

 

En guise de présentation, elle s’est prêtée au jeu de l’interview et a répondu à nos questions.

 

 

C’est en 2005, à la suite d’une classe préparatoire MPSI/MP qu’Esther Finidori intègre l’école Centrale Paris. En 2009, son diplôme en poche, elle prolonge son parcours de formation par un Master de l’Université de Cambridge sur les politiques publiques pour l’innovation et la transition énergétique. 

① Que retenez-vous de votre expérience dans l’enseignement supérieur ?

 

Pour commencer, je tiens à souhaiter la bienvenue à tous les étudiants qui s'apprêtent à entamer cette belle aventure à l’ENSEA. Mes années en école d’ingénieur, à CentraleSupélec, correspondent à un moment très heureux de ma vie. Très stimulant aussi : après 2 ans de cycle préparatoire dans un environnement très studieux, scolaire et axé sur les sciences fondamentales, j’y ai découvert un monde beaucoup plus ouvert, aussi bien dans la structure que dans le projet pédagogique, avec des cours optionnels, des projets concrets et une grande variété de domaines étudiés, y compris les sciences humaines et la gestion d'entreprise.

 

Mes plus beaux souvenirs restent liés à la vie associative. J'ai eu l'occasion de m'impliquer, de prendre des mandats, des responsabilités et de découvrir le travail en équipe. Rien ne peut égaler l'émulation que l'on ressent lorsque l'on réussit à construire et à porter des projets au sein d'un groupe d'étudiants !

 

Une fois diplômée, j’ai choisi de réaliser un deuxième Master spécialisé en politiques publiques dans une Business School. Cette décision a été l’une des meilleures que j’ai prise. À Cambridge, j’ai été exposée à un environnement international et multiculturel, à des domaines d'étude et à un modèle d'apprentissage radicalement différent, axé sur le travail individuel et la recherche. Là-bas, il y a deux vies étudiantes qui se créent en parallèle : celle de sa formation avec ses spécialités ; et celle du « college » où sont réunis des étudiants de tous horizons, indépendamment de leur discipline. Cette exposition à des personnalités et des sujets autres, bien plus larges que son propre domaine d’études, est une véritable chance. Grâce à cette organisation, j’ai pu suivre des cycles de conférences ou des cours qui n’avaient rien à voir avec ce que j’étudiais et, surtout, j’ai fait des rencontres. J’ai pu nouer des amitiés avec des personnes qui m’étaient diamétralement opposées, un épidémiologiste ou une linguiste qui faisait sa thèse sur l’évolution du langage par exemple. Ça a été une période extrêmement enrichissante grâce à laquelle j’ai pu développer une curiosité et une ouverture intellectuelle qui ne m’ont jamais quitté depuis et qui font aujourd’hui parties de ma manière d'appréhender le monde.

 

J’invite les futures promotions d’enséarques à faire de même, à explorer les formes d’apprentissages et les sujets d’études. L’école vous en donne l’opportunité, saisissez-la.

 

 

Votre diplôme en poche, vous devenez consultante au sein de Carbone 4, une entreprise qui accompagne la transformation des entreprises vers la décarbonation et l'adaptation au changement climatique.

 

Plus tard, vous rejoignez Schneider Electric, d’abord comme Directrice supply chain durable et stratégie CO2 puis comme Vice-Présidente Environnement, chargée de définir la stratégie environnementale globale du groupe et de piloter les transformations associées. Et aujourd’hui vous occupez le poste de Vice-Présidente Stratégie et Développement durable.

 

② D’où vous vient cette conscience écologique et votre envie de travailler dans le secteur de la transition environnementale ?

 

En école d’ingénieur, j’ai fait une année de césure entre ma deuxième et ma troisième année, au cours de laquelle j’ai réalisé deux stages en entreprise. Deux stages qui se sont extrêmement bien passés et qui m’ont permis d’expérimenter deux types de postes sur lesquels je pouvais me projeter en tant qu'étudiante : un rôle de consultante en stratégie et un rôle de responsable supply chain.

 

Mais à la fin de ces deux stages, j’ai réalisé qu’il me manquait un sens profond dans mon travail. J'avais besoin de trouver un rôle qui soit porteur de sens et dans lequel je pourrais avoir un impact.

 

C'est à ce moment-là, à la fin de mon année de césure et pendant ma troisième année à Centrale, que j'ai commencé à m'intéresser sérieusement aux enjeux de la transition énergétique. Cela a conditionné mon désir de poursuivre ensuite avec un Master sur un thème étroitement lié à cette problématique. Et évidemment, ça a eu un impact déterminant sur le choix de mon premier emploi.

 

 

③ Qu’est-ce que vous retenez de ce poste de consultante chez Carbone 4 ?

 

Cette expérience a été extrêmement positive. Carbone 4 m'a apporté énormément en termes de prise de recul et de capacité à réfléchir de manière structurée sur des enjeux écosystémiques.

 

Le métier de consultant, loin d’être un passage obligé après un diplôme d’ingénieur, m'a permis de voir et d'apprendre rapidement, car les missions sont variées et les secteurs d'activité ainsi que les types de clients changent fréquemment. J'ai acquis une quantité impressionnante de connaissances en un temps relativement court. C'est un métier où l'apprentissage est accéléré, et c'était très enrichissant.

 

Fondamentalement, cette expérience m'a également permis de développer une expertise dans un domaine qui est devenu ma spécialité professionnelle, mais qui reste également une passion personnelle et un engagement citoyen. Au-delà du tremplin professionnel que ça a été, j’en garde un très bon souvenir.

 

 

④ Prochain arrêt : Schneider Electric. Quelles sont vos missions au sein du leader mondial de l’énergie ?

 

J'ai occupé deux types de postes très différents depuis mon arrivée chez Schneider Electric. J’ai d’abord travaillé au sein de la Direction Environnement du groupe. J’étais chargée de la politique environnementale de l'entreprise à l'échelle mondiale. Concrètement, mon rôle était de contribuer à aider le groupe à prendre des engagements dans le domaine de l'environnement, que ce soit en matière de climat, de biodiversité ou d'économie circulaire, à moyen et long terme. Ensuite, et il s’agit de l'aspect le plus important, l’objectif était de concrétiser ces engagements en interne et de guider les transformations nécessaires.

 

Ce rôle était passionnant à plusieurs égards. Déjà parce qu’il était lié à des enjeux environnementaux majeurs, qui me tiennent particulièrement à cœur, mais aussi parce qu’il m'a permis de plonger dans le monde complexe de la transformation au sein d'une grande entreprise. Schneider Electric c’est plus de 135 000 employés dans plus de 100 pays, avec un chiffre d'affaires de 35 milliards d’euros. Gérer des transformations de cette ampleur implique souvent des défis considérables, notamment des changements transversaux, des ajustements de processus et parfois des modifications profondes des habitudes de travail et des méthodes opérationnelles. Les impulser a été une expérience extrêmement enrichissante.

 

Il y a un an, je suis devenue Responsable Stratégie au sein de la division France de Schneider Electric. Dans cette nouvelle fonction, je suis en charge d'anticiper les évolutions à moyen et long terme de nos marchés en France. Mon rôle comprend à la fois un volet d'influence, où je travaille en collaboration avec les pouvoirs publics, les fédérations professionnelles et un écosystème innovant pour façonner l'environnement technologique et réglementaire de demain. En interne, mon travail consiste à anticiper stratégiquement pour que nous soyons prêts, au moment opportun, avec les bonnes offres pour répondre aux besoins du marché.

 

 

⑤ Justement comment fait-on pour que les entreprises, en particulier les grands groupes, opèrent ces changements fondamentaux pour s'adapter aux enjeux de la transition écologique ?

 

Tout d’abord, il est essentiel de comprendre que cela implique une projection à long terme. Les entreprises doivent anticiper les évolutions économiques, sociétales et environnementales qui se profilent. Dans les 25 à 30 prochaines années, les modèles économiques tels que nous les connaissons devront changer radicalement pour répondre aux enjeux climatiques et environnementaux. C'est une question de survie.

 

Il faut non seulement les anticiper, mais aussi et surtout les intégrer dans la vision stratégique de l’entreprise, sur tous les plans : de la R&D aux produits, en passant par les fournisseurs, l’organisation industrielle, les compétences, la culture d'entreprise et la marque employeur.

 

Les ingénieurs sont d’ailleurs des acteurs clés à tous les niveaux de l'entreprise. La transformation ne peut pas être dirigée exclusivement par quelques personnes au sommet de la hiérarchie. Elle nécessite une appropriation de tous les métiers et une implication à tous les niveaux. Les ingénieurs, grâce à leurs compétences techniques, ont un rôle crucial à jouer dans la conception de produits et de processus plus durables. Ils sont en première ligne pour proposer des solutions et des innovations qui prennent en compte ces enjeux.

 

Mais il faut garder en tête que la transformation vers un modèle plus durable est l'affaire de tous. Nous avons besoin de lanceurs d'alerte, de startupers, d'innovateurs, de grandes et moyennes entreprises aussi pour industrialiser les transformations et passer à l'échelle, et d'acteurs de la société civile. Tous ces rôles sont complémentaires et nécessaires. Il ne faut pas se limiter à un seul type d'engagement et il ne faut pas avoir peur d’en changer. Car une carrière est longue et évolutive. L'essentiel est d'avoir une volonté profonde de contribuer à la transformation, peu importe le rôle que l’on choisit d’y jouer.